Les Bains de Saillon
Un bâtiment exprimant la continuité, entre tradition et modernité.
Quand, en 2008, le groupe Boas décide de reprendre le centre thermal de Saillon, il se lance dans une opération de grande envergure qui va s’étaler sur près de sept ans. Il s’agit de renforcer l’attractivité du complexe en modernisant le site thermal et en construisant un nouvel hôtel. L’opération devait se dérouler sans porter atteinte à l’exploitation de l’hôtel existant - premier quatre étoiles de la plaine du Rhône - et des bains qui accueillent quotidiennement une moyenne de mille cinq cents personnes, avec des pointes jusqu’à trois mille, les jours d’affluence. La volonté du Maître de l’ouvrage était de planifier un complexe différent qui modernise l’image de l’hôtellerie de plaine valaisanne, proposant un ensemble aux lignes modernes tout en confirmant une volonté d’intégration dans la région. Le nouvel hôtel, relié à l’ancien, offre septante-huit nouvelles chambres, toutes orientées plein Sud, qui s’ajoutent aux septante-six existantes, six restaurants, un centre médical, un centre de physiothérapie, un espace de relaxation, des salles de conférence et un bar. La complexité de l’ouvrage a conduit à étudier très en détail les divers flux réservés aux hôtes et aux visiteurs. Bains obligent, la circulation principale - qui se compte en milliers de personnes les jours d’affluence - conduit à la zone aquatique au travers du bâtiment. Mais il faut également réserver un accès à cette même zone aux hôtes des deux hôtels, organiser l’accès aux restaurants dont l’un est accessible depuis l’espace des bains.
Matérialité et expression : Pour le nouvel établissement hôtelier, une première approche visait une construction en structure bois, telle qu’on en rencontre en Autriche. Mais les règlements de construction de l’époque en limitaient le nombre d’étages. C’est donc un bâtiment en dur de cinq niveaux, construit en arc de cercle, qui, dès l’entrée, aligne les cent quarante mètres de sa façade. Pour réduire l’aspect massif de l’ouvrage, un socle de deux niveaux, habillé de pierre de Salvan, est surmonté d’un volume dont les trois niveaux sont fondus et dématérialisés par un habillage métallique ajouré de teinte claire dont les reflets se rapprochent de la couleur du bois : une base de pierre surmontée de bois, un rappel de l’esprit des mazots, l’affirmation d’une esthétique traditionnelle alliée à une expression contemporaine. Côté Nord, le premier niveau donne accès à l’hôtel alors que, thermalisme oblige, une rampe monumentale conduit naturellement le visiteur à l’entrée des bains. Au-dessus de ce socle, sur trois étages, les coursives qui conduisent aux chambres sont éclairées par des ouvrants placés de manière aléatoire comme les lames verticales d’aluminium thermolaqué qui réchauffent la façade et s’animent avec la course du soleil. La façade Sud est plus liée à la montagne avec un large recours au bois pour les balcons dont le sol est fait de châtaignier et les garde-corps de mélèze. Le bois se prolonge dans les chambres largement habillées de chêne pour accentuer le caractère propre aux chalets alpins avec en rappel une paroi en pierre de Salvan.
Énergie : Le concept énergétique de cet ensemble très gros consommateur combine différentes sources de chaleur. Pour sécuriser l’approvisionnement en eau thermale, et après quatre autres forages, un nouveau puits a été mis en exploitation. Pompée à une profondeur de cinq cents mètres, l’eau à vingt-six degrés jaillit au rythme de mille cinq cents litres par minute. Après son utilisation en piscine, l’eau est refroidie avant d’être rejetée dans le canal du Midi. D’autres forages, moins profonds, ont été entrepris pour alimenter les pompes à chaleur. Le bâtiment lui-même a été connecté au gaz naturel. Une fouille de douze kilomètres a permis cette desserte qui profite également au village de Saillon. Enfin, des panneaux solaires thermiques participent au préchauffage de l’eau sanitaire et l’orientation du bâtiment, avec sa générosité en vitrages, fournit un apport non négligeable de chaleur passive.