Concours Schenk à Rolle – La Cité du Vin
C’est en mars 2022 que quatre investisseurs et propriétaires, Helvetia assurances, Raffeisen Caisse de pension, Previa Prévoyance, et Haller SA qui assume également le rôle d’organisateur, lancent un concours d’architecture sur invitation pour l’étude et la réalisation d’un nouveau quartier à proximité immédiate de la gare de Rolle.
Le terrain actuel est occupé par le Groupe Schenk SA depuis 1893.
Figurant parmi les leaders européens dans le domaine vitivinicole et numéro un suisse, le groupe Schenk prévoit de délocaliser ses activités dans un nouveau site de production.
Le plan de quartier en force « Gare Nord – Schenk » prévoit la réalisation d’un quartier résidentiel et d’un site industriel sur deux parcelles comprises entre la gare et l’autoroute A1. C’est sur la parcelle n°427, que le propriétaire foncier Schenk SA réalisera son nouveau site de production vitivinicole, libérant la parcelle n°1673 qui constitue le périmètre de travail du concours.
Le concours porte sur le développement d’un quartier faisant la part belle à la mixité ; mixité sociale, grâce à une offre diversifiée de logements pour un large éventail de groupes cible en termes d’âge, de situation de vie, d’origine sociale et d’activité professionnelle, mais aussi mixité en matière d’activités : restauration, commerces de proximité, surfaces de bureaux, d’artisanat et d’enseignement.
Les propriétaires souhaitent « démontrer qu’il est possible de développer un projet urbain et architectural de grande qualité sur la parcelle, s’intégrant parfaitement dans le paysage naturel et urbain existant de Rolle. Le futur site de la « Cité du vin » permettra de créer un quartier vivant et diversifié doté d’une identité forte et rayonnante offrant un large éventail de services et des typologies de logements variées. »
Le projet Ligne de vigne présenté par RDR architectes et ses partenaires explore la thématique de la densification péri-urbaine dans le cadre d’un plan de quartier déjà bien précis en ce qui concerne la distribution des masses bâties, leur volumétrie, et le rapport entre pleins et vides.
Bruit et nuisances liées au trafic routier et ferroviaire, risques et danger OPAM, invitent à développer des dispositifs typologiques permettant de transformer ces fortes contraintes en opportunités de projet.
L’exploitation des marges d’implantation offertes par le plan de quartier, et un positionnement précis et réfléchi du bâti, permettent de renforcer la qualité et le caractère des espaces libres, et d’offrir des orientations multiples et diversifiées dans un quartier dessiné à l’échelle humaine.
Le quartier s’organise autour d’un grand parc à haute valeur environnementale et d’espaces publics rappelant l’histoire viticole du site.
Deux espaces majeurs structurent le site et contribuent à définir l’identité du quartier. L’axe piétonnier transversal, « La Ligne de vigne », qui relie la nouvelle Place de la Gare avec le « Pavillon de dégustation », en limite du nouveau site de production de Schenk, distribue les accès aux logements et au « Parc des Sarments ».
Le Parc des Sarments, grand espace arboré qui accueille les espaces de rencontre et de détente, un parcours didactique, ainsi que les aires de jeu et les préaux du bâtiment scolaire, donne également accès aux logements, offrant aux habitants un raccourci quotidien sous la fraîcheur de la canopée.
L’étagement de la parcelle conduit à la différenciation de deux plateaux, le niveau supérieur accueillant le parc et la succession de bâtiments qui le bordent, alors qu’au niveau inférieur, la rue des Tonnelles, au caractère plus minéral, concentre les activités commerciales, en lien direct avec la Place de la Gare, dont le rôle de plateforme modale renforce son statut de seuil du quartier et de la ville de Rolle.
Le nouveau quartier répartit un programme d’activités et d’équipements publics sur plusieurs niveaux.
Les surfaces commerciales sont réparties le long de la Rue des Tonnelles, à proximité immédiate de la Gare, profitant du caractère dynamique de la plateforme modale et des trajets quotidiens qu’elle accueille. Les avancées surplombant les commerces accueillent diverses terrasses publiques pouvant aussi accueillir des espaces de petite restauration sous un ensoleillement généreux.
Au niveau du Parc des Sarments, la part belle est offerte aux activités libres de promenade et de pause dans des espaces calmes. Une place de jeu ponctuant l’ouest du parc propose diverses installations ludiques ouvertes à la population. Cette clairière d’activités forme une continuité naturelle avec le préau scolaire des Ceps, à proximité directe de la « Ligne de Vigne ».
La partie nord du site profite d’une dynamique plus calme pour accueillir l’installation de petits potagers urbains à disposition des habitants et des riverains proches.
Le travail typo-morphologique tisse un lien étroit entre l’échelle de perception volumétrique du quartier, les espaces libres et le Parc des Sarments en particulier, et la qualité d’habitation des appartements. Les façades sont décomposées en différentes sections, réduisant l’impact et la massivité des volumes, et rendant plus lisibles et identifiables les logements.
La typologie des logements est riche et diversifiée. Les types d’appartements sont variés, mono-orientés pour certains, traversants ou d’angle pour la plupart. Leur plan s’adapte en fonction de leur taille, leur position dans le quartier, leur l’orientation, proposant une diversité de modes d’occupation et de relations à l’environnement bâti ou naturel.
Le travail typologique offre à chaque appartement une vue vers le parc, le lac, les montagnes, et/ou le plein sud. Certains appartements profitent de 3 à 4 orientations, de vues, et d’un ensoleillement de qualité, ce qui les rapproche plus de l’idée de l’habitation individuelle que du logement collectif dense.
La variété des configurations spatiales, la diversité des espaces de vie - séjours compacts mono-orientés ou d’angle, traversants, « en baïonnette », ainsi que l’intégration de pièces à l’usage et à l’appropriation flexibles, permettent d’abriter des modes d’habiter variés, répondant à un large éventail de locataires potentiels.
La végétation du site marque une transition graduelle avec l’arborisation locale en interface de la Cité du Vin. Elle s’ancre au contexte local par le biais des alignements existants sur sa périphérie pour développer une canopée urbaine continue et résiliente.
L’ascension de la « Ligne de Vigne » en direction du cœur du quartier amène les habitants et les visiteurs aux portes d’un parc intimiste. Le Parc des Sarments comprend un bosquet urbain dont la canopée de hauteur variable fournit ombrage, fraîcheur, floraisons, parfums et couleurs au fil des saisons. Une strate arbustive accompagne de manière diffuse les parcours intérieurs du parc. Ces groupes offrent au besoin un filtre visuel préservant l’intimité des logements, ou une délimitation des espaces laissés à la biodiversité locale.
La valorisation de la ressource Eau et la gestion de la perméabilité des surfaces constituent un enjeu majeur pour le quartier, en particulier pour préserver les surfaces de pleine terre et maintenir un cycle hydrique naturel sur l’ensemble du site.
Le système de rétention des eaux en toiture achemine les volumes d’eau excédentaires vers le Parc des Sarments. Une série de légères dépressions interconnectées créent une grande noue paysagère au cœur de la canopée. Ces volumes temporaires de rétention et d’infiltration permettent de restituer les eaux pluviales à la végétation et favorisent la création d’une réserve naturelle en eau pour les arbres et arbustes. Les plans d’eau peuvent subsister de manière temporaire après les pluies, apportant un rafraîchissement local et éphémère, contribuant par ailleurs au bien-être et à l’agrément des habitants.
Pour les bâtiments avec des contraintes économiques plus fortes (logements d’utilité publique, LUP) ou des impératifs liés à l’OPAM, il est fait appel à une technologie constructive plutôt conservatrice avec une structure porteuse en béton armé et des murs extérieurs en briques de béton cellulaire. En revanche, dans les bâtiments sans ces contraintes il est proposé des solutions constructives plus légères et moins contraignantes pour l’environnement avec un forte intégration du bois.
Des chapes sèches et un système de cloisons avec sous-construction en bois sont proposés pour l’ensemble des bâtiments.
Le cahier des charges du concours demande de viser la certification Site 2000 watts, laquelle n’existera plus en 2023. Pour pallier ce vide administratif, une démarche ad hoc est proposée, celle de prendre comme cadre de référence le cahier technique SIA 2040 La voie vers l’efficacité énergétique (2017) - qui pose des objectifs chiffrés pour la construction, l’exploitation et la mobilité – et de le compléter avec des études focalisées sur la qualité du bâtiment et/ou des espaces à créer.
Les études proposées par l’équipe pluridisciplinaire constituée pour le concours permettent d’optimiser la fraction de lumière naturelle des locaux de vie, d’évaluer le réchauffement du climat et son incidence sur la consommation d’énergie probable en 2050, de vérifier le confort thermique des pièces les plus exposées dans un climat futur nettement plus chaud, et in fine, de proposer des variantes constructives viables pour maitriser l’impact environnemental et sensible des matériaux de construction.